Tête-à-tête avec Joanie Pietracupa: Neutralité corporelle

*English will follow :-)

 

Tu la suis peut-être sur Instagram ou consultes sûrement des magazines pour lesquels elle a été rédactrice en chef. Une chose est sûre, Joanie Pietracupa a fait de la neutralité corporelle son cheval de bataille.

Découvre cette femme des plus inspirantes et engagée.

 

Rédactrice en chef multimagazines (Véro, Elle Québec, Elle Canada, etc..) chez KO Média depuis quelques années, Joanie a aussi œuvré pour plusieurs autres magazines féminins connus. Ses études supérieures en cinéma et en littérature à l'Université de Montréal lui ont permis d'approfondir ses connaissances cinématographiques, culturelles et artistiques, et de développer ses passions pour l'écriture, la création de contenu et le monde de l'édition.

Joanie est aussi membre du CA de l’organisme Équilibre, ayant comme missions d’éduquer les gens à la diversité de l’image corporelle ainsi que de s’assurer de véhiculer une image corporelle diversifiée dans les médias. C’est important pour elle de faire une différence auprès des jeunes. 

 

Blogue Ronde et alors?

En 2015-2016. Joanie est entre autres chroniqueuse hebdomadaire pour le blogue Ronde, et alors? propulsé par le magazine Châtelaine. Aujourd’hui, elle mentionne qu’elle n’hésiterait pas à utiliser le qualificatif «grosse», au lieu de ronde. Par ce blogue, elle transmet sa fierté d'être bien dans son corps et interview une foule de personnes en lien avec l’acceptation de son corps et la grossophobie. La grossophobie va même jusqu’à penser la même chose de son propre corps.

Joanie partage qu’elle a beaucoup appris en écrivant ce blogue et que celui-ci fut pas mal la genèse de sa vocation anti-grossophobe.

«À l’époque, j’avais la chance de vivre dans une petite bulle bienveillante avec mes proches, donc le blogue m’a ouvert les yeux par rapport au fait que les gens sont encore plutôt inconfortables par rapport au corps gros.»

Après quelques années, elle a senti qu’elle avait fait pas mal le tour des sujets avec ce blogue. Mais peut-être qu’éventuellement, elle remettra en branle celui-ci ou en créera un nouveau.

 

Neutralité corporelle

Joanie préfère maintenant parler plutôt de «neutralité corporelle».

«Est-ce que l’on peut juste arrêter de parler de notre enveloppe corporelle point?»

Elle réitère sur le fait que c’est hyper important de s’aimer et de s’accepter, mais il y a des jours où se n’est pas possible et ce, peu importe sa silhouette. Principalement sur son compte Instagram, elle publie des photos d’elle où elle a l’air de me trouver belle, sans nécessairement parler de son poids. Une femme très bien dans sa peau qui désire inspirer les autres.

«Je souhaite mettre de l’avant un corps gros qui s’aime et qui s’accepte».

Toute son équipe au travail est aussi très sensibilisée à présenter une diversité, que ce soit au niveau de l’apparence physique, mais aussi du genre, de la religion, de l’identité sexuelle et de l’âge. On s’assure de mettre une pluralité de corps de l’avant, sans nécessairement la nommer, par exemple dans le choix des images. Le tout a été une longue quête au sein de l’industrie des médias, mais aujourd’hui la plupart des magazines québécois en parlent.

Joanie partageait dernièrement sur ses réseaux, en lien par rapport à la fausse réputation et/ou généralisation que certaines personnes prêtent aux magazines féminins: «travailler pour des magazines dits féminins (mais qui s’adressent en fait à tous.tes) en 2022, c’est… donner la parole aux femmes, toutes les femmes, au quotidien afin de leur redonner le pouvoir quant à leur histoire, leur vécu, leurs opinions, leurs projets, leurs rêves, leurs idées; défendre leur parole, leur art, leur travail, leur créativité, leur fougue, leur courage et surtout, leurs colères (plurielles);… de rappeler à tout le monde, chaque jour, chaque heure et chaque minute, que les femmes sont belles, grandes, fortes, pertinentes et importantes, et qu’il faut cesser sur-le-champ de les effacer, les oublier, les violenter, les ignorer. Oui, notre travail est immense et parfois, la fatigue est grande, mais notre amour de la Femme le sera toujours infiniment plus.»

 

Que penses-tu de la situation des hommes?

«On n’entend pas encore beaucoup et il n’y a certainement pas assez de contenu médiatique démontrant la pluralité des corps. Il y a aussi une foule d’hommes qui souffrent de leur image et manque de ressources et de modèles inspirants comme eux.»

 

Et l’industrie de la mode dans tout ça?

Dans le domaine de la mode, on semble aussi entrevoir un changement notable qui s’opère de plus en plus. Mais encore là, le processus est lent (même trop lent selon l’avis de Joanie). Il y a de plus en plus de créateurs locaux qui possèdent la sensibilité de couvrir la taille +. Plus de marques s’intéressent à la femme moyenne.

«Comme environ 80% des femmes seraient de taille 14, ce n’est que dans la logique des choses que l’industrie cherche à habiller la femme d’aujourd’hui point.»

Une réalité qui semble encore bien présente est que ce n’est pas tant que les magazines ne souhaitent pas représenter des mannequins de toutes les tailles lors de séances photos, mais plutôt qu’il soit malheureusement compliqué de recevoir des échantillons de grands designers new-yorkais, parisiens, londoniens, etc.. en taille +. Les échantillons étant souvent que taille 0. C’est comme le paradoxe de l’oeuf ou la poule!

 

Quelques clefs pour s’accepter selon Joanie

1-Suivre des gens/comptes RS qui nous font du bien

Suivre soit des comptes prônant l’anti-grossophobie, mais aussi des comptes qui ne focalisent pas que sur l’enveloppe corporelle, ou même des personnalités qui ont des corps qui nous ressemblent.

«On peut y retrouver quand même des commentaires haineux suivant ce que ces créateurs de contenu publient. Mais il y a davantage de gens qui témoignent le bien que ça leur fait de voir une plus grande pluralité de corps, car après tout c’est ce que la réalité représente.»

Quelques comptes Instagram que Joanie aime particulièrement suivre: @coeurdartacho (Julie Artacho) / @gabrielle.lisa.collard / @lizzobeeating (Lizzo) / @zachmiko

«Ton œil commence à s’habituer à voir ce genre de corps et s’adoucit. Mais c’est le travail d’une vie et pour la plupart des gens.»

2-Se parler comme si on était sa meilleure amie

Joanie confie qu’elle reçoit souvent ce genre de commentaire: «Comment ça je te trouve belle, mais moi je n’y arrive pas envers moi?». Ce genre de complexe semble encore plus typique chez les femmes malheureusement. Il faut essayer de se parler et de se voir dans les yeux de sa meilleure amie, avec douceur.

3-Essayer de penser à son poids ou son corps de moins en moins, pour ainsi penser davantage sur sa santé mentale

 

Pour suivre Joanie sur Instagram: @joaniepietracupa

 

Voir la collection Belle à l'intérieur et à l'extérieur de Rose Buddha.

 

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You're maybe following her on Instagram or checking out some of the many magazines for which she's been the editor. One thing is certain, Joanie Pietracupa has made body neutrality her life mission.

Discover this most inspiring and committed woman.

 

Multi-magazine editor-in-chief (Véro, Elle Québec, Elle Canada, etc.) at KO Média for several years, Joanie also worked in the past for several other well-known women's magazines. Her graduate studies in cinema and literature at the University of Montreal allowed her to deepen her cinematographic, cultural and artistic knowledge, and to develop her passions for writing, content creation and the world of publishing.

Joanie is also a member of the Board of the Équilibre organization, whose mission is to educate people about the diversity of body image as well as to ensure that a diverse body image is conveyed in the media. It is very important for her to make a difference with young people. 

 

Blog Ronde, et alors?

In 2015-2016. Among other things, Joanie is a weekly columnist for the Ronde blog, so what? powered by Chatelaine magazine. Today, she mentions that she would not hesitate to use the qualifier “big”, instead of round. Through this blog, she conveys her pride in being well in her body and interviews a host of people related to body acceptance and grossophobia. Grossophobia even goes so far as to think the same of one's own body.

Joanie shares that she learned a lot by writing this blog and that it was quite the genesis of her anti-fatphobic vocation.

“At the time, I was lucky enough to live in a caring little bubble with my loved ones, so the blog opened my eyes to the fact that people are still rather uncomfortable with large bodies.”

After a few years, she felt she had covered quite a bit with this blog. But maybe eventually, she will revive it or create a new one.

 

Body neutrality

Joanie now prefers to speak of “body neutrality” instead. “Can we just stop talking about our body?

She reiterates that it is very important to love and accept yourself, but there are days when it’s just not possible, regardless of your figure. Mainly on her Instagram account, she often publishes photos of herself in which she finds herself quite beautiful, without necessarily talking about her weight. A very comfortable woman who wants to inspire others.

"I want to put forward a big body that loves and accepts itself."

The entire team is also very aware of presenting diversity, whether in terms of physical appearance, but also gender, religion, sexual identity and age. We make sure to put a plurality of bodies forward, without necessarily naming it, for example in the choice of images.

Joanie recently shared on her networks, in connection with the false reputation and/or generalization that some people lend to women's magazines: "working for so-called women's magazines (but which are in fact aimed at everyone) in 2022, it's… giving a voice to women, all women, on a daily basis in order to give them power over their history, their experiences, their opinions, their projects, their dreams, their ideas; defend their words, their art, their work, their creativity, their passion, their courage and above all, their anger (plural);… to remind everyone, every day, every hour and every minute, that women are beautiful, big, strong, relevant and important, and that we must immediately stop erasing them, forgetting them, violating them, ignoring them. Yes, our work is immense and sometimes the fatigue is great, but our love of Women will always be infinitely more so.”

 

What do you think of the mens situation?

“We don’t hear much yet and there is certainly not enough media content demonstrating the plurality of bodies. There are also a host of men who suffer from their image and lack the resources and inspiring role models like them.”

 

What about the fashion industry?

In the field of fashion, we also seem to foresee a significant change that is taking place more and more. But again, the process is slow (even too slow in Joanie's opinion). There are more and more local designers who have the sensibility to cover size +. More brands are catering to the average woman.

 

"As approximately 80% of women would be a size 14, it is only logically that the industry is looking to dress today's point woman."


A reality that still seems very present is that it is not so much that magazines do not want to represent models of all sizes during photo shoots, but rather that it is unfortunately complicated to receive samples from major new designers. Yorkers, Parisians, Londoners, etc. in size +. The samples are often only size 0. It's like the chicken or the egg paradox!

 

A few keys to self-acceptance according to Joanie

1-Follow people/SM accounts that make us feel good

Follow accounts advocating anti-fatphobia, but also accounts that don’t just focus on the body, or even personalities who have bodies that look like us.

“You can still find hateful comments there depending on what these content creators publish. But there are more people who testify to the good that it makes them to see a greater plurality of bodies, because after all that is what reality represents.

A few Instagram accounts that Joanie particularly likes to follow: @coeurdartacho (Julie Artacho) / @gabrielle.lisa.collard / @lizzobeeating (Lizzo) / @zachmiko

“Your eye begins to get used to seeing this kind of body and softens. But it is the work of a lifetime and for most people.”

 

2-Talk to each other as if you were your best friend.

Joanie confides that she often receives this kind of comment: "I find you beautiful, but I can't say it to myself?." This kind of complex seems even more typical among women unfortunately. You have to try to talk to yourself and see yourself in the eyes of your best friend.

 

3-Try to think about your weight or your body less and less, try to think more about your mental health

 

 

 

See the inside and outside Belle collection of Rose Buddha.